Origine
L’origine de la race Charolaise a suscité un grand nombre d’hypothèses. Pour certains, elle serait issue d’un bétail ramené des Croisades par les seigneurs de Damas, grande famille noble du sud de la Bourgogne. Pour d’autres, tel Sanson, zootechnicien français du 19ème siècle, cette race serait d’origine jurassique.
Histoire
L’histoire de la race Charolaise peut être divisé en trois périodes caractéristiques des étapes de son expansion.
Jusqu’en 1773 : le développement de la race dans son berceau d’élevage
Le bétail Charolais est alors cantonné dans son berceau d’origine, la vallée de l’Arconce, qui draine les régions Charollaise et Brionnaise. Petit à petit, cette région se spécialise dans l’élevage et l’embouche. Les prés progressent aux dépens de la forêt et des cultures, en raison de la grande famine des années 1709 – 1711 et donc des pénuries de viande dans les grandes villes. Mais il y a surtout, contrairement au reste des campagnes françaises, très peu de terrains communaux. En effet, le territoire d’une paroisse est ordinairement partagé en trois « contrées » pour l’assolement triennal. Tous les possesseurs sont contraints de suivre cette règle et toute tentative de prairie est vouée à l’échec. Par contre, dans le Brionnais et le Comté de Charolles, pour des raisons politiques, l’administration des terres diffère : le territoire est partagé en domaines privés et métairies dont le maître jouit en vrai propriétaire. Il peut donc y mener paître ses animaux quand il le veut. D’ailleurs, Varenne de Berest écrit en 1761 : « Chacun de ces deux petits baillages nourrit proportionnellement beaucoup plus de bétail qu’aucun autre baillage de la province et d’une espèce fort supérieure. C’est dans ces deux pays seulement qu’on engraisse des bœufs pour le Service des Boucheries. » Les bœufs une fois engraissés sont vendus aux boucheries de Lyon et Paris. Le premier envoi à Paris a lieu en 1747 avec Emilien Mathieu, qui relève ce défi et effectue un voyage de 17 jours !
On intensifie l’élevage du bétail Charolais pour pouvoir répondre aux débouchés de plus en plus importants au fur et à mesure de l’ouverture de routes. C’est ainsi que la race blanche se développe dans son berceau d’origine et la prospérité de la région s’accroît progressivement au cours du 18ème siècle.
De 1773 à 1920
L’implantation dans la Nièvre (1773 – 1818)
En 1773, Claude Mathieu, fils d’Emilien Mathieu, part du village d’Oyé dans le Brionnais avec son cheptel pour s’établir fermier de la famille de Damas, à Anlezy près de Nevers. Là, sur des terres argilo-calcaires, froides et compactes, il installe de riches herbages afin de développer son cheptel. En quelques années, il transforme le domaine et l’on voit s’étendre de grandes prairies artificielles couvertes de bêtes blanches dont la conduite simple n’occupe que quelques domestiques.
D’autres Brionnais suivent son exemple et prennent des fermes en location autour de Nevers. Sur les registres paroissiaux, la plupart sont mentionnés comme « marchands », et il est possible qu’ils achètent des bœufs dans le Charollais pour aller les vendre à Paris au marché de Poissy, Nevers faisant office d’étape.
Dans la première moitié du 19ème siècle, le Charolais remplace progressivement le bétail existant. Mais surtout, on commence à le sélectionner sur des aptitudes viande – travail, afin d’obtenir un animal solide et robuste mais conservant, comme les animaux du berceau, une excellente conformation.
L’installation de la race dans le Centre (1818 – 1864)
Le Charolais se répand, dès cette époque, dans l’ensemble des départements du Centre et de plus en plus vers les zones de grandes cultures où l’on s’intéresse à son emploi comme animal de trait du fait de ses qualités intrinsèques.
Les années 1820 voient aussi apparaître de nouvelles méthodes de sélection à l’initiative, en particulier, de Louis Massé, dans le Cher. Celui-ci cherche à augmenter le poids de ses animaux par une nourriture plus abondante, plus régulière et plus riche. Mais il s’attache également à trier judicieusement ses reproducteurs « tenant moins compte de leur taille et de leur corpulence que de l’ampleur de la poitrine et du bassin, du peu de longueur des membres, de la petitesse des os et de la souplesse, de l’élasticité du cuir, du soyeux du poil et de l’aptitude laitière de la vache ». Cette sélection vaut à Louis Massé et ses enfants un succès tel qu’ils remportent régulièrement les médailles des concours de boucherie et de reproducteurs.
L’essai du Durham
La propension à l’engraissement étant toujours le premier souci des éleveurs producteurs de viande, qui cherchent à diminuer l’âge à l’abattage et donc le prix de revient de leurs animaux, on ne tarde pas à recourir à la race Durham : les croisements sont en effet très utilisés à cette époque en France, et en particulier avec cette race anglaise.